Rue st Blaise
A la nuit tombée, je commence, tout doucement, à lever mes lourdes paupières et je me prépare lentement à me faufiler vers cette rue si étonnante dont je ne me lasse pas.
J’aime ce quartier, c’est mon Q.G. J’y ai élu domicile. Du haut de chez moi je peux tout voir. De jour, c’est un point de vue magnifique mais ce que je préfère, c’est ma balade « nuitnalière », quand tout est bien sombre. Le noir me va si bien. Je choisis le moment, c’est-à-dire, un peu après que les derniers soient couchés et un peu avant que les autres ne se lèvent. C’est un moment unique, magique et qui n’est qu’à moi. Un entre deux temps.
C’est ainsi que tout en me glissant vers la rue Saint Blaise, je laisse derrière moi une trace d’écume qui rappelle que la plage n’est pas loin. J’arrive sur cette petite place, si propice aux rendez-vous, qui sent encore bon le thé à la menthe et le café. Tout ça a un petit air de Province. A cet endroit précis un choix s’offre à moi. Si je vais à droite, je peux me nourrir de la vie, m’abreuver de l’agitation de la journée, du dynamisme laissé là d’une manière palpable dans l’air ambiant. J’entends encore résonner le bruit des pas des enfants qui courent, celui de leurs cris joyeux ou bien celui des gens qui s’apostrophent. Si, au contraire, je décide de partir à gauche, je peux m’imprégner de l’ambiance provinciale, du silence et surtout de l’apaisement que procure cette partie de la rue.
Moi, j’ai besoin de ces deux atmosphères. Tant de diversité est une richesse et je m’en délecte. Lorsque je commence à percevoir quelques ombres sonores et sentir les premiers frémissements du quartier, alors je quitte physiquement, pour la journée, ce bitume bienfaisant et je sais qu’il est temps pour moi de retrouver mon observatoire, tout en haut de l’immeuble, au dernier étage. C’est là que j’habite. Mon nom est Mélisandre, Mélisandre la Salamandre.
Isabelle T