Hospices de Beaune
Hotel Dieu, 1443, Nicolas Rolin, Philippe le Bon, 14 années de construction, vous savez le principal...
La splendeur de l'architecture et des toitures polychromes, la "salle des pôvres", les cuisines, l'apothicairie et toutes les autres salles sont empreintes d'une atmosphère et d'une émotion puissantes.
Quand on imagine les "pôvres", 3 par lit, tantôt pestiféré, infecté, gangrèneux... alignés sous le seul regard du crucifix, on réfléchit, on imagine et l'on est parcouru d'un frisson glacial.
La magie de ce lieu réside dans le fait qu'il est beau et effrayant à la fois. Comment peut on mélanger deux sensations à ce point antinomiques ? Et pourtant, l'hôtel Dieu vous le montre. Il suffit de fermer les yeux un court instant, d'entendre les religieuses se déplacer, répondre aux moribonds, les tintements de flacons dans la pharmacie, les bruits de vaisselle dans la cuisine, les pas sur les tomettes de la cour intérieure, le souffle des chevaux attelés aux charettes qui venaient emporter les morts de la journée et vous y ètes.
Les respirations lentes cathareuses, les pleurs et chagrins étouffés, les cris déchirants ; tous les bruits de la mort et de la souffrance... Puis, se mêlant à l'horreur, les paroles de réconfort, les soeurs, dévouées et généreuses ; l'abnégation au sens fort et originel du mot.
La dérision du progrès en regardant les flacons de l'apothicairie avec les "yeux d'écrevisses"...
Le polyptyque du jugement dernier accessible dans une salle obscure, à l'abri des flashes et du bruit.
Tout est beau, tout est fort, tout vous "prend" d'un coup.
Vous sortez un peu philosophe, un peu absent au monde de la rue du 21è siècle... Quel bond !
Cet endroit est merveilleux de bouleversement, de fièvre.
Allez y, vous en sortirez transformés.
(Moi, j'vais prendre ma carte à l'office de tourisme de Beaune...)