Pâques
Les enfants sont rentrés. Pâques, symbole de la résurrection. La vie renaît, le printemps est là, le lave-linge tourne à 7000 tours tout le week-end. Heureusement, il fait beau, sinon la surface d’étendage n’y suffirait pas et on serait obligé d’encombrer les quelques espaces vitaux de la maison. Puis ils occupent leur chambre ; remplissent l’atmosphère de leur présence, une indicible chaleur se répand alors qu’il fait frais. Ils font de nous des pantins, des marionnettes qu’ils animent en tirant les fils d’un sourire, d’un regard complice ou d’un bisou appuyé au beau milieu de la joue. Ils vont, viennent, sortent et rentrent souvent seuls, parfois non. Ça bouge et ça rigole. Ils se chamaillent comme des enfants. Ce sont encore des enfants, ils nous attirent avec une force indomptable, un aimant d’une puissance démesurée, la souveraineté de la vie, l’énergie de leur jeunesse ; rien ne résiste. C‘est tellement agréable.
Lundi après midi, les affaires se plient, les sacs se chargent. Un dernier clin d’œil, une plaisanterie pour faire passer le départ, la voiture trace dans la rue jusqu’à disparaître complètement. Le ciel s’obscurcit soudain ; une giboulée inonde la ville en jetant un voile de mélancolie sur la grisaille des murs. Les pantins regardent la pluie glisser sur les vitres en fines gouttelettes translucides. Elles s’accrochent, puis tombent sur le rebord en éclaboussant pour ne pas mourir tout à fait. Plus rien ne semble animer les marionnettes, le ciel reprend son bleu profond, la lumière mouille les quelques flaques restées au sol, les nuages filent et disparaissent comme la voiture des enfants dans la même direction. L’éloignement.