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LIREINE
18 janvier 2009

Banlieue parisienne nord (2è épisode)

L’habitation n’est pas bien grande, une grande pièce de vie sur une cuisine ouverte au rez-de-chaussée, un tout petit vestibule, une cage d’escalier abritant des toilettes, et desservant deux pièces et une salle d’eau sous rampants.

Dans la cuisine, une trappe située sous la table donne accès à une magnifique cave voûtée. A gauche, l’appentis qui prolonge la façade. A l’opposé, le garage ; entre lui et la cuisine, le petit vestibule qui s’ouvre directement sur le large trottoir qui borde la nationale. L’ensemble de la maison et ses annexes communique par différents accès, jusqu’à un escalier extérieur descendant du couloir de l’étage sur le jardin. La cave est la seule « impasse » de la maison.

Toutes ces percées, ces accès, ces issues avaient été réalisées en vue d’une location éventuelle d’une des deux chambres, pour assurer le maximum d’autonomie à ses habitants. Une grille en fer forgée, au fond du jardin, constituait l’ultime issue de secours qu’il aimait emprunter lorsqu’il n’avait pas besoin de la voiture.

Cet accès donnait sur le quartier le plus ancien de la ville, dans lequel subsistaient quelques vestiges moyen-âgeux. Des enseignes, les ruines d’une des portes de la ville et des maisons bourgeoises aux portes cochères impressionnantes. Les rues avaient conservé des noms évocateurs également, rue des fileuses, rue de la paume, place du Prévost de la ville…

Une identification imagée des différents endroits de son pavillon lui plaisait bien ; ainsi, chaque coin du jardin avait été baptisé et fait l’objet d’une inauguration : « Rue des piquants », sous l’appentis, au milieu du tas de bois, nichait toute une famille de hérissons. « Place de l’omelette aux légumes », au fond du jardin, où s’étalaient les cent mètres carrés de potager et le poulailler, et enfin, l’ « Avenue de moi-même », car il était persuadé de faire l’objet, à titre posthume ou non, d’une reconnaissance au moins communale, pour tous les efforts, les activités et l’énergie dépensés à animer sa ville, ou, du moins à y participer.

Pour l’heure, après avoir allumé ses deux lanternes, il se prépare une soupe aux champignons récoltés dans les bois cet automne. La grande pièce, éclairée par l’insert et les deux lampes à huile, ressemble à un Rembrandt. L’odeur des champignons, le bois qui claque et les ombres dansantes le rend paisible et confiant. Pendant qu’il tourne d’un geste mécanique la cuillère en bois dans la casserole, la neige continue à s’épaissir sur le rebord de la fenêtre. Il faut qu’il sorte pour inspecter le toit et l’éolienne avant d’aller dormir. Il éloigne la casserole du feu, remet le couvercle et laisse mijoter le temps de faire sa ronde. En entrant dans le garage, il sent une très grande différence de température, enfile ses vêtements chauds, et sort côté jardin.

Jamais il n’a connu pareille épaisseur de neige à cet endroit. Obligé de traverser la terrasse pour aller chercher une pelle sous l’appentis, il avance en levant les pieds le plus haut qu’il peut sans pour autant réussir à dépasser la couche neigeuse. La hauteur des bottes n’y suffit pas. Il déblaie tant bien que mal les quelques mètres qui lui permettront de voir le faite du toit, et arrivé à l’endroit, rassuré que l’éolienne tourne vigoureusement, vérifie que les poules ne risquent pas de s’enrhumer en ôtant la neige accumulée sur leur dortoir…

Il prend quelques bûches, repose la pelle, traverse à nouveau la terrasse pour se rendre dans le garage. En entrant dans la maison, il est saisit par la même différence de température, mais plus agréable cette fois ci. Il dépose le bois sous l’insert, retire ses chaussettes et son pantalon de jogging, pour les mettre à sécher sur le dossier d’une chaise, face à la cheminée. Cette sensation de chaud lui procure tellement de bien-être, qu’il se met à onduler devant le feu, comme on aurait tourner la broche d’un « döner kebap » pour le faire rôtir.

Rassasié de chaleur, il retourne à sa soupe et, en rapprochant la casserole de la plaque, remarque à travers la fenêtre, un véhicule qui, après une longue glissade sur la route, vient taper le trottoir en s’immobilisant à dix mètres à peine de son pavillon.   

Intrigué, il reste flanqué derrière sa fenêtre en continuant à tourner machinalement la cuillère dans la soupe, les yeux rivés sur la voiture. Il distingue une toute petite lueur verte à l’intérieur de l’habitacle malgré la chute de neige, le vent et le relatif éloignement du véhicule.

-« Il doit être en train d’appeler des secours ? »

Quelle lumière pourrait correspondre à autre chose qu’un téléphone portable ?

Après quelques minutes d’observation en soufflant sur son bol, la porte côté conducteur s’ouvre péniblement et en sort une silhouette, apparemment féminine, qui se dirige avec peine, vers le pavillon juste en face de sa voiture.

Ses sourcils se froncent car il sait que la maison vers laquelle la silhouette se dirige est provisoirement vide. Tout comme celle qui est voisine de la sienne. En cette veille de réveillon, ses retraités de voisins, sont partis faire bombance chez leurs enfants. Considéré comme une personne de confiance dans le quartier, il est dépositaire de cinq trousseaux de clés, appartenant à cinq pavillons environnants, dont les propriétaires l’avaient pris en affection.

Plus de doutes possibles en la voyant s’approcher péniblement de la porte de sa maison ; c’est quelqu’un qui cherche de l’aide !

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