Banlieue parisienne nord (1er épisode)

Chose promise, chose due.
C'est parti pour le premier épisode de "Banlieue Parisienne nord"...

Banlieue parisienne nord, le long de la nationale pour une fois calme et déserte. Une villa comme il en existe dans toutes les communes anciennement pavillonnaires, autour de Paris. Une belle petite maison en meulière des années 30, reçue en héritage quelques années auparavant.

Il est bien au chaud, mais un peu inquiet tout de même comme tous ses voisins et certainement les habitants plus éloignés. La route nationale est blanche et verglacée depuis déjà deux bonnes heures. La neige qui s’est accumulée commence à former des congères aux endroits habitués des courants d’air. Le vent glacial émet des sifflements puissants entre les maisons. Ce spectacle inhabituel, même pour une fin d’année, donne à la ville un aspect de décor de cinéma un peu lugubre.

-« Mais quel film joue-t-on, ce soir ? » pense-t-il derrière sa fenêtre de cuisine à regarder les flocons s’amonceler là où le vent les pousse. Une appréhension, un sentiment de mal-être rôde. Il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre. Juste réfléchir à la façon la moins dangereuse d’empêcher la neige de faire fonctionner l’éolienne qui tourne à vive allure en haut du toit. Il sait que si jamais le vent tombe, elle s’arrêtera, prise par le gel, quasi immédiatement.

Et heureusement qu’elle tourne cette sorte de grosse roue à aube horizontale, car depuis que le froid et la glace ont fait rompre des câbles, l’électricité est coupée depuis une heure, et ne sera sans doute pas rétablie avant deux ou trois jours, au mieux. En attendant, au moins le congélateur fonctionne.

Tout est organisé chez lui. Sous le grand appentis qui sépare le poulailler de la maison, plusieurs stères attendent leur destinée qui, selon les besoins, sera l’insert ou la cuisinière. Quoi qu’il en soit, elles brûleront et chaufferont la maison. La citerne de récupération des eaux de pluie, sagement enterrée sous l’appentis, lui pose un autre problème. La pompe qui assure la remontée de l’eau est, en temps normal, alimentée par une batterie, chargée par un kit solaire. Vu le temps et les prévisions à court terme, il va falloir gérer l’eau au mieux car la batterie ne tiendra plus très longtemps. Quant aux capteurs qui réchauffent l’eau sanitaire, ils sont enfouis sous quinze centimètres de neige.

Il aime bien la lutte, même contre la nature, il sait qu’il n’a aucune chance, mais quelque chose lui dit qu’il réussira à tirer son épingle du jeu. Il en est convaincu.

En époussetant les deux lampes à huile achetées au hasard d’une brocante cet été, il sourit en pensant qu’il aura de la lumière, de la chaleur et quelques réserves de nourriture pour tenir plusieurs semaines si nécessaire ; puis se renfrogne en imaginant des sans abris peut être dehors en ce moment, ou des familles entières dans des logements qui ne protègent pas des grands froids et ne fournissent plus ni eau, ni électricité. Il voit des gosses immobiles dans des couvertures, pour les plus chanceux d’entre eux, et d’autres, recroquevillés sur une mort bleue et glaciale, imminente.

Il frissonne, pourtant il a presque trop chaud.

A suivre...

Comments

[membre_]

Elle, elle a froid. Elle vient juste de rentrer chez elle et par réflexe se jette sur l'ordi. Elle tombe sur le début d'un feuilleton. Trop gai le texte, elle a encore plus froid. Pourquoi ne l'a-t-il pas appelé banlieue parisienne sud??????